Léandre Kouessan DJAGOUÉ
Journaliste
Journaliste, Léandre Kouessan Djagoué est le président du parti du Rassemblement des démocrates libéraux (RDL-Hêviosso).Quatre fois candidat au scrutin présidentiel du Bénin depuis 1991. Il n`a jamais franchir la porte du second tour. Léandre Kouessan Djagoué a tiré sa révérence le mardi 21 février 2017 au Centre national hospitalier et universitaire (CNHU) Hubert Koutoukou Maga de Cotonou dans sa 70 ème année.
Journaliste, Léandre Kouessan Djagoué était un ancien élève du collège St Agustin de Togoville au Togo et un diplômé de la faculté de droit et sciences économiques de Reims en France. Il fut l’un des premiers journalistes de la presse naissante en Afrique au lendemain des indépendances dans les années 1960. Entré en politique après l’avènement du renouveau démocratique dans au Bénin en 1990, il sera successivement candidat aux élections présidentielles de 1991, 1996, 2001 et 2006 sous la bannière du Rassemblement des démocrates libéraux (RDL-Hêviosso) sans pour autant engrangé un fort taux de suffrage.
En 2011, il a décidé de se retirer de la course présidentielle et au scrutin présidentiel de 2016 qui a consacré l’élection de Patrice Talon à tête de la magistrature suprême du pays, Léandre Kouessan Djagoué a choisi d’apporter son soutien au candidat Sébastien Ajavon.
Ci joint voilà une publication du quotidien Beninois La Source 7 novembre 2015.
Attention, Léandre Kouessan Djagoué pourrait créer la surprise !
Décembre 1993 : mon cher père, en réponse à la demande de mon grand-père Gustave Hohodji KAKPOVI qui souhaitait passer la Saint Sylvestre entouré de ses fils et petits-fils, a chaleureusement conduit mon jeune frère et moi à Doulassamè, le merveilleux quartier aimé de tous à Adjaha.
Nous étions tous à mille lieues de nous douter que non seulement ce serait la dernière fête de fin d’année que nous nous apprêtions à passer avec notre « Tata » adoré mais aussi et surtout que le 30 décembre, donc la veille de la Saint Sylvestre, « Vieux » comme l’appelaient ses enfants nous quitteraient définitivement.
Deux jours avant son décès, comme de ses habitudes, il nous a rassemblés, par un soir frisquet dominé par le brouillard de l’harmattan, autour d’une grande lampe qu’on appelait « Tito ». Il y avait nous, ses petits-fils déjà arrivés sur place et une kyrielle d’autres enfants du village qui, comme leurs parents, l’affectionnaient tout particulièrement. C’était l’homme aimé de tous, le patriarche.
Au menu des retrouvailles vespérales, des conseils. Tata aimait raconter des histoires datant de 50 ans avec une précision que le regretté François Mensah, dans ses merveilleux commentaires, qualifierait de « chirurgicale ». Mais cette fois-ci, les conseils du patriarche avaient un goût spécial. En substance, il nous recommandait de ne jamais nous décourager des échecs qui ne doivent en aucun cas nous empêcher de rêver toujours plus grand et de réaliser nos ambitions. En d’autres termes, « soyez toujours déterminés, mes enfants ! ». C’était les derniers conseils que je retiens de « Tata » car deux jours après, il quittait définitivement ce bas monde.
Aujourd’hui encore, je me rappelle ces bons mots non pas parce que je suis nostalgique du patriarche mais parce qu’un homme, un seul semble avoir fait siens ces conseils. Il s’agit de Monsieur Léandre Kouessan Djagoué.
Djagoué, l’éternel candidat !
Djagoué, l’inoxydable « politique » !
Djagoué, l’homme seul !
Djagoué, le loser permanent !
En un mot, Djagoué, le déterminé.
Je dois l’avouer, ce n’est pas de mes habitudes de tirer sur une ambulance et ce n’est d’ailleurs pas l’objectif de cette fiction. De toutes les façons, l’emblématique Simone de Beauvoir aurait simplement écrit, non sans fondement : « Sans échec, pas de morale ». Certains sages de mon pays diraient tout simplement que les échecs forment.
Mon compatriote de village Léandre Kouessan Djagoué fait partie de ces hommes déterminés et téméraires qui n’ont pas peur des échecs. Le rappeur benino-congolais vivant à Uccle à Bruxelles en Belgique Kaysee aurait toasté : « je tombe, me relève ; et retombe et me débats. J’avance droit dans ma mission… ».
L’ancien journaliste amoureux du Togo et de son ancien Président a, depuis 1991, avancé droit dans sa mission malgré les échecs successifs. Ah non, il a quand même réussi à se faire élire député pour la première législature et a siégé aux côtés des personnalités telles que : Abimbola Adébayo, Acakpovi Albert, Achode Codjo, Ahomadégbé Justin, Djrèkpo Charles, Elègbè Amos (tiens, tiens !), Gbadamassi Moucharafou…
Donc, Djagoué n’a pas échoué à toutes ses tentatives. Sauf à la présidentielle. Il a presque toujours été de la partie et il a toujours eu le même mérite : 0,…%. Mais il a continué à croire en ses ambitions et en son destin de Président… de la République du Benin.
1991, 1996, 2001, 2006, l’homme n’a jamais manqué un seul de ces rendez-vous. Mais il a toujours été de la figure politique de ceux que Marc Abélès appelle dans son ouvrage « L’échec en politique », les « battus ». Mais cinq ans après chaque échec, il se relève toujours.
Trop fort ! Je tombe d’admiration pour l’homme. Ses échecs successifs n’ont jamais eu raison de sa longévité politique même si en 2011, il a préféré soutenir le candidat sortant Boni Yayi.
Sa splendide indifférence me pousse à oser penser que Monsieur Djagoué fait partie de la même catégorie que Simone Veil qui se situait « résolument en marge des calculs politiciens, donnant priorité à la puissance de ses convictions » et qui ne cherchait aucunement « à se couler dans la peau du politicien professionnel et se faire le propagandiste efficace d’un parti ». Mais mes tentatives sont vaines car, mille fois à l’ouvrage, je peine à cerner la ligne de conviction politique de l’homme d’Agoué. Jean de la Fontaine n’a-t-il pas dit que « chien hargneux a toujours l’oreille déchirée » ?
En lieu et place d’une conviction politique, on peut quand même noter que l’homme paraît plus énigmatique que tout. Je m’interroge inlassablement sur l’existence ou l’inexistence d’une vie après ses échecs successifs. Je n’en sais rien ; pas plus que la plupart des électeurs sur lesquels il devrait ou pourrait compter. Vit-il dans un cul-de-basse-fosse ? Là encore, je n’en sais pas grand-chose.
Depuis 2006, dix longues années ont passé et nous voilà à la veille d’une nouvelle élection présidentielle. Et la grosse question est de savoir si l’éternel candidat serait de la partie. Si oui, on devra être prêt pour, à nouveau, s’habituer aux drôles de scores. Ou à l’inverse, il pourrait se convaincre de la même façon que le Maréchal Pétain s’est écrié : « On les aura » !
Sauf qu’aux dernières nouvelles, l’homme d’Agoué serait en voie de soutenir la candidature de son frère du village Sébastien Germain Ajavon. Dans ce cas, il pourrait débarquer avec ses « nombreux » militants et soutiens pour assurer la victoire finale du patron numéro 1. Il pourra alors postuler pour un portefeuille ministériel. Qui sait !
Dr Bellarminus KAKPOVI
PhD en Communication politique
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Nom: | Léandre Kouessan DJAGOUÉ | |||
Occupation: | Journaliste | |||
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